Julieta Tarraubella et ses fleurs artificielles
La galerie argentine Rolf Art n’est plus à présenter, tant sa place dans le monde artistique d’Amérique latine est importante. Fondée en 2009 par Florencia Giordana Braun à Buenos Aires, elle est à ce jour la seule galerie d’art spécialisée dans l’image technique en Argentine. Cette année, à Art Basel Miami Beach, elle exposait notamment le photographe péruvien Roberto Huarcaya (né en 1959) et sa fameuse série Amazogramas.
Roberto Huarcaya s’est libéré de l’appareil photo pour produire ce qu’il nomme des “photogrammes”. Comprendre : d’immenses rouleaux de papier photosensibles, en noir et blanc ou en couleur, pouvant atteindre jusqu’à 30 mètres. Une œuvre impressionnante, donc, qui était à retrouver dans l’espace Meridians d’Art Basel Miami Beach.
Pour son stand dans l’espace Positions, consacré aux jeunes talents, la galerie Rolf Art s’est appliquée à présenter le travail de Julieta Tarraubella, au cœur duquel il est facile de se retrouver happé·e. Avec l’installation The Secret Life of Flowers (2018 – 2024), les écrans couvrent les quatre murs du stand, mettant en scène la vie (et la mort) de nombreuses fleurs, en accéléré. Un processus d’une beauté déconcertante, mais terriblement angoissante, tant elle sublime la fragilité de nos écosystèmes, et la rapidité avec laquelle la pourriture s’empare de la flore.
Comme pour proposer une expérience complète aux visiteur·euses de son exposition (ou un “jardin de médiation technologique” comme elle l’appelle) Julieta Tarraubella (diplômée de l’université de Buenos Aires) décide de mettre en scène son travail dans sa globalité, à l’aide de caméras de sécurité qui filment méticuleusement une fleur de lys dont on devine la lente décomposition, car placée en miroir avec les vidéos déjà terminées, où la mort apparaît comme inéluctable.